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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/98

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— Ah ! vous connaissez bien Edgar ! interrompit M. de Fontvenel ; il aura deviné tout cela : c’est un homme étonnant ! Savez-vous ce qu’il a fait pour moi ?

— Non.

Alors M. de Fontvenel raconta comment Edgar lui avait donné les cinquante mille francs qu’il venait lui emprunter, avant qu’il eût eu le temps d’en faire la demande.

— Je m’étais expliqué cette singulière aventure, continua-t-il, en pensant qu’Edgar été prévenu de mon inquiétude par mon vieux valet de chambre, qui, me voyant au désespoir, serait allé à mon insu demander secours à mon ami, en le priant de cacher cette démarche. Tout cela me paraissait naturel ; mais je vois depuis quelque temps ce phénomène de pénétration se renouveler si souvent, que je me perds dans mes conjectures. Il faut, en vérité, que ce rusé Lorville ait un talisman ou des espions dans tout Paris, pour savoir ainsi ce qu’on y pense… Y a-t-il longtemps que vous ne l’avez vu ?

— Je l’ai rencontré hier, répondit Valentine ; peut-être était-il comme nous au Salon, et a-t-il remarqué à quel point j’admirais ce tableau.

— N’importe, reprit M. de Fontvenel, vous ne m’ôterez pas de l’idée que ceci cache quelque chose d’extraordinaire.

— Mais j’ai des scrupules, je l’avoue, dit madame de Champléry ; bien que M. de Lorville soit le fils d’un ami de ma mère, je ne le connais pas assez peut-être pour accepter…

— Ah ! gardez-vous d’attacher de l’importance à une chose si simple… et ne l’affligez pas par un refus, il en serait si malheureux !

Vous croyez ? dit Valentine en souriant.


XX.

Touchée de cette aimable attention, madame de Champléry présuma que M. de Lorville viendrait le jour même chez sa belle-mère, pour savoir comment avait été accueilli le tableau désiré.

Madame de Clairange attendait ce soir-là beaucoup de