Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/11

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INTRODUCTION.


Qu’il est doux d’être aimé !

Tout le monde a dit cela et tout le monde l’a pensé ; et cependant, si l’on était de bonne foi avec soi-même, chacun avouerait que toutes les inquiétudes, tous les orages, toutes les larmes, toutes les angoisses, tous les remords de sa vie lui sont venus de ce bonheur si doux.

Inspirer un amour sincère, pur, noble, délicat, exclusivement dévoué, c’est le rêve favori, l’idéale félicité d’une âme chaste et généreuse. On ne commence à vivre que du jour où l’on est aimé ; c’est de ce beau jour seulement que doivent dater les souvenirs ; c’est pour être aimé que l’on cherche la gloire, que l’on aspire à la fortune, que l’on désire la beauté.

Être aimé, c’est être compris, c’est être béni, c’est être consolé, c’est être heureux, c’est marcher avec un guide protecteur dans les sentiers périlleux de ce monde ; guide charmant qui détourne les ronces loin de vous, qui vous aide à franchir les fleuves, à gravir les monts ; qui sait trouver pour vous un abri pendant la tempête, un asile pour le repos ; c’est avoir un conseiller plein de prudence, qui connaît vos qualités et sait les faire valoir ; un juge intéressé, sévère par orgueil, mais indulgent par tendresse, qui rêve pour vous la perfection et qui vous chérit à cause de vos fautes ; c’est avoir un ami à qui l’on ose tout dire, parce qu’on lui laisse tout deviner : être aimé enfin, c’est vivre de confiance, d’affection, de délices ; c’est avoir trouvé le bonheur !…