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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/223

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ni fatuité ; il n’y avait que ce qui devait en ce moment la toucher : de la pitié et du respect.

Mais cette émotion délicate ne fut pas de longue durée. Le séducteur était à peine rentré chez lui qu’il se livra de nouveau à ses combinaisons stratégiques. Après avoir mûrement calculé les obstacles et les chances, les difficultés et les ressources, il conclut à son avantage en disant :

— Elle a juré de ne plus aimer… elle m’aimera !…


IV


En arrivant à l’hôtel de Viremont, les deux belles-sœurs trouvèrent un magnifique garde national qui les attendait sur le perron et qui vint galamment leur offrir la main pour descendre de voiture.

— Te voilà déjà, Hector ! dit madame Albert à son frère ; par quel hasard es-tu libre de si bonne heure ?

— Parce que j’ai un amour de sergent-major qui, pour récompenser mon zèle, me dispense de faire mon service, c’est-à-dire qu’il m’a permis de m’en aller, à condition que je reviendrais à sept heures monter ma faction.

Hector fit cette réponse en riant ; mais il s’interrompit tout à coup en voyant l’air sombre de madame Charles de Viremont.

— Vous paraissez bien fatiguée, madame, dit-il avec inquiétude.

— Je suis très-souffrante, lui répondit-elle. Bonsoir, Hector… Et sans le regarder elle rentra dans son appartement.

La figure d’Hector était celle d’un homme affreusement désappointé.

— Qu’est-ce qu’elle a donc ce soir ? demanda-t-il.

— Je ne sais, reprit sa sœur ; elle a été très-gaie, très-aimable toute la soirée, et puis à la fin du bal, à propos de rien, elle est devenue triste comme tu la vois.

— Et mon pauvre souper ! s’écria Hector d’un air confus.

— Quel souper ?