d’arriver chez elle. Elle ne vit pas non plus le trouble de madame Albert quand elle lui demanda :
— Qu’est devenu Hector ?
— Il est allé se coucher, il est malade, répondit M. de Viremont ; mais il ne faut pas le plaindre, il n’a que ce qu’il mérite ; le homard est très-malsain dans ce temps-ci… Je n’en ai pas mangé, moi !
— Mais, dit Léontine, Hector n’en a pas mangé non plus, je crois.
— Si fait, si fait, il a voulu en goûter ; il me l’a avoué lui-même, et c’est pour cela qu’il s’est trouvé mal.
— À l’Opéra ?
— Oui, dans le vestibule, à la sortie ; il est tombé subitement sans connaissance ; heureusement la voiture était avancée et nous l’avons vite ramené.
— Pauvre Hector ! dit Léontine, allons le voir.
— Non, ce ne sera rien, reprit vivement madame Albert. Il va bien dormir et demain il sera guéri.
— Guéri, guéri ! murmura l’envieux gourmand, il en a pour deux bons jours au moins…
— Avez-vous eu du monde ce soir ? interrompit madame Albert pour changer la conversation.
— Non, je suis restée toute seule, dit Léontine.
Cette réponse parut faire le plus grand plaisir à sa belle-sœur.
À la place de Léontine, une autre femme aurait ajouté : — Oh ! je n’attendais personne ; tout le monde me croyait au spectacle… Mais elle n’en eut pas le courage ; elle avait peur moins encore de mentir que de rougir en mentant mal.
On causa quelques instants de choses indifférentes, et vers minuit l’on se sépara. Madame Albert monta furtivement dans l’appartement de son frère pour parler au médecin qui était près de lui ; et Léontine, livrée à elle-même, recommença à se demander pourquoi M. de Lusigny n’était pas venu, sans chercher à deviner pourquoi Hector était malade.
Et cependant le malheureux Hector méritait bien de sa part quelque intérêt. Le coup qui venait de le frapper l’avait anéanti. Cela nous arrive souvent, n’est-ce pas, d’apprendre par des étrangers ce qui se passe autour de nous ? En descendant