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L’ILE DES MARMITONS.

ces grands travaux que son ambition avait tant de fois rêvés, n’était-ce pas pour assurer le bonheur de Teresina ? Ne fallait-il pas des événements extraordinaires pour qu’un enfant de son âge fît fortune en un seul jour ? Eh bien, ces grands événements étaient arrivés : il avait été jeté par une tempête dans une île jusqu’alors inconnue, où les plus bizarres circonstances le mettaient à même de faire sa fortune, et il laisserait échapper une si belle occasion !… Non, en vérité, ce serait une folie impardonnable, et dût-il passer ces trois jours et ces trois nuits à goûter ses macaronis sans boire ni dormir, il n’abandonnera point son entreprise.


CHAPITRE SEPTIÈME.

CONSULTATIONS DIVERSES.


Dès qu’il fut parvenu dans la dernière cuisine, dont les fenêtres donnaient sur la rue, il prétendit que le plat qu’on lui demandait, exigeant la plus minutieuse attention, ne pouvait être composé que dans la solitude, et chacun alors se retira.

Cesaro, livré à lui-même, médita longtemps sur la nature du macaroni : il ne savait pas précisément si c’était une pâte, une plante comme le riz, ou un légume comme les salsifis. La difficulté lui parut telle, qu’il résolut d’aller consulter ses compagnons de voyage, en leur confiant les dangers de sa position.

Il était bien certain de trouver le jeune pêcheur au bord de la mer : en effet, à peine s’approcha-t-il du rivage, qu’il aperçut un marmiton qui lui disait bonjour : c’était le pêcheur.

— Les macaronis sont une pâte, s’écria-t-il dès que Cesaro l’eut questionné ; mais, j’y pense, ajouta-t-il ; quelqu’un ici peut vous dire cela mieux que moi ; demandez à ce vilain petit joufflu qui est cause de tous nos malheurs : son père en vendait autrefois, des macaronis ; il a été élevé dans la pâte, lui ! il connaît tout cela mieux que moi.

Cesaro remercia le pêcheur des renseignements qu’il lui donnait, et il lui offrit trois belles pièces d’or, ce dont le pêcheur parut très-reconnaissant.