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L’ÎLE DES MARMITONS.


CHAPITRE NEUVIÈME.

LE RETOUR.


Le jeune duc de San-Severo se rendit au port, en réfléchissant à la singularité de son aventure. Son vaisseau mit à la voile le soir même, et il passa toute la nuit à parcourir les papiers que la reine lui avait confiés, et qui étaient de la plus haute importance.

Ce ne fut que le lendemain, lorsque le jour fut venu, qu’il découvrit les innombrables richesses dont la reine avait fait charger son navire : c’étaient d’énormes caisses remplies de beignets d’or, puis les étoffes les plus précieuses, les fruits les plus rares, les vins les plus délicieux ; elle n’avait rien épargné pour que la route fût agréable. Cesaro s’applaudit alors de sa délicatesse, en pensant qu’elle avait pu être appréciée par une âme si généreuse.

Pendant la traversée, il écrivit à sa sœur Teresina pour se hâter de la rassurer sur son sort ; car ce n’était pas elle qu’il devait voir la première en arrivant à Naples. Le devoir passe avant les affections ; c’est pourquoi Cesaro, à peine débarqué sur le rivage chéri de Naples, se rendit d’abord chez le roi, et donna ordre que l’on portât sa lettre chez sa sœur, où il aurait tant voulu courir tout de suite.

Jamais on n’a su quelle était cette mission importante dont Cesaro était chargé, mais il faut croire qu’il s’en acquitta avec une rare sagacité, puisque, à dater de ce jour, le roi le prit en affection et lui rendit toute la faveur dont avait joui si longtemps le duc de San-Severo, son père.

Cesaro resta plusieurs heures en conférence avec le roi ; enfin il fut libre, et le cœur lui battit vivement en songeant qu’il allait revoir Teresina.

Comme il descendait l’escalier du palais, il rencontra le prince de Villaflor, ce jeune homme si séduisant et qu’il savait tant aimé de sa sœur ; au lieu de le fuir par fierté, ce qu’il faisait ordinairement, il alla vers lui avec cordialité et le pria de l’accompagner chez sa sœur. Chemin faisant, il lui conta