— Hélas ! regardez-moi, répondit la perruche : j’ai voulu être belle, j’ai désiré des pattes d’or, des ailes de rubis, et maintenant je suis condamnée à rester ici toute ma vie, immobile, comme vous voyez ; car il est impossible de voler avec des ailes de rubis, de marcher avec des pattes d’or !
Auprès de la fenêtre, ils aperçurent un gros chat. Il ne bougeait pas de sa place et paraissait fort mécontent.
— Qu’avez-vous, mon gros compère ? lui dit Alméric.
— Pardon, répondit le chat, est-ce à un cheval, à un serpent, à un âne, à un homme, à une femme, que j’ai l’honneur de parler ? je n’y vois pas ; excusez-moi, je vous prie.
— Vous êtes aveugle ? demanda Alméric avec intérêt.
— Hélas ! oui, monsieur, et par ma faute. J’avais toujours entendu vanter les yeux d’émeraude ; j’ai voulu en avoir, et depuis ce temps j’ai perdu la vue ; je ne peux même savoir si cela est aussi joli qu’on le prétend. Seriez-vous assez bon pour me dire votre avis à ce sujet ? Regardez-moi, trouvez-vous que ces yeux d’émeraude aillent bien à l’air de mon visage ?
Alméric voulait lui répondre qu’il trouvait ses yeux très-beaux, pour le consoler d’avoir perdu la vue ; mais le mendiant fut implacable :
— Vos yeux sont fort laids ! dit-il avec dureté.
— Impossible, reprit le chat ; ils doivent être brillants.
— Eh non ! dit le vieillard ; rien ne brille qu’en sa place. Croyez-moi, cachez-les, mettez des lunettes ; et si jamais vous avez des émeraudes, faites-en des bagues et non des yeux !
Et le jeune étranger ne put s’empêcher de rire de cette réflexion.
En quittant la salle à manger, ils entrèrent dans une cour superbe, pavée en mosaïque et entourée de colonnes élégantes.
Là, ils aperçurent un oiseau que son plumage faisait prendre pour un vautour, mais dont la démarche timide n’avait rien des manières d’un oiseau de proie.
— Voilà un vautour qui m’a l’air bien bête ! dit le mendiant. Qui es-tu, mon vieux bonhomme ? ajoutait-il en parlant au vautour.