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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/71

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OU DEUX AMOURS

— Une volière avec des oiseaux ?

— Mais on ne met pas des chats ni des moutons dans une volière.

Gaston commença à rire.

— Vois-tu, mon petit Gaston, reprit Étienne, pour avoir ta chambre, je te donnerai tout ce que tu voudras, je ferai tout ce que tu me demanderas. Allons, dis quelles sont tes conditions. Qu’est-ce que tu désires ? veux-tu aller au spectacle ?

— Non, je veux aller à Franconi…

— Eh bien, nous irons quand tu voudras.

— Alors, ce soir.

— J’aimerais mieux demain.

Étienne aurait voulu ce soir-là tenir son bonheur enfermé et savourer dans la solitude son émotion profonde.

— Moi, j’aime mieux aujourd’hui, dit Gaston.

Marguerite s’écria : — Il faut faire ce qu’il veut ; nous lui avons fait de la peine, il faut le consoler.

— Et puis, dit madame d’Arzac, le temps est doux, ce soir ; peut-être, un autre jour, Marguerite n’osera-t-elle pas sortir.

— Venez-vous, ma mère ?

— Moi, rien ne me fatigue comme de voir tourner ces maudits chevaux. Les plaisirs de Gaston ne sont pas encore ceux de mon âge.

On arriva à Franconi ou plutôt au Cirque des Champs-Élysées. On se plaça près de l’entrée, et, pendant que Gaston suivait avidement des yeux un beau marin à cheval qui imitait avec ses bras le galop des vagues à s’y méprendre, Marguerite et son cousin parlaient tendrement de leurs projets d’avenir. Souvent, Étienne se troublait en voyant les regards curieux et hardis des hommes se porter sur Marguerite. Une femme d’une beauté si remarquable ne pouvait rester inaperçue longtemps en public, et, depuis l’arrivée de madame de Meuilles au Cirque, toutes les lorgnettes étaient tournées de son côté. Étienne était fier de cet hommage, mais il en souffrait ; il était contrarié que Marguerite fît sa rentrée dans le monde avant d’être sa femme. Il aurait voulu que l’on répondît déjà à ces admirateurs qui demandaient son nom : « C’est madame Étienne d’Arzac. »