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OU DEUX AMOURS

chiens si gentils ! Enfin, de tout !… Ah ! nous nous sommes bien amusés !

— Avez-vous été content de lui ? dit Marguerite à M. Berthault.

— Oui, madame, il a été parfaitement raisonnable.

M. Berthault se retira.

— Est-ce vrai ? dit Marguerite en prenant Gaston sur ses genoux.

Gaston ne répondit pas.

Madame de Meuilles le regarda et crut découvrir sur sa figure, bien joyeuse pourtant, des traces de larmes.

— Tu as pleuré ? dit-elle.

— Oh ! ce n’est pas ça, répondit-il en se trahissant.

— Il y a donc quelque chose ? Voyons, conte-moi tout ; qu’as-tu fait ? Tu as cassé quelque belle tasse ?… tu as brisé quelque plante ?… tu t’es querellé avec le neveu de M. de la Fresnaye ?…

— Non, au contraire, c’est mon ami.

— N’aie pas peur, tu sais bien que quand tu es sincère je ne te gronde jamais… Qu’as-tu fait de mal ?

— Oh ! ce n’est pas mal ! reprit Gaston fièrement.

— Eh bien ?

— Mais on me le défend.

— Qu’est-ce que tu as donc fait ?

— Je n’ai rien fait.

— C’est quelque chose que tu as dit.

— Oui, j’ai encore dit quelque chose qu’on me défend toujours de dire ; mais c’est sa faute. Pourquoi m’a-t-il demandé si j’étais content d’aller à la noce ?

— Il t’a parlé de cela ! reprit madame de Meuilles un peu troublée… et tu lui as répondu… ?

— Que je n’irais pas.

— Ah !… Et si…

— Maman, ne m’y forcez pas ! je pleurerai tout le temps et je serai malade.

Madame de Meuilles n’insista pas.

— Il t’a demandé pourquoi tu ne voulais pas ?… dit-elle.

— Oui, maman.