LETTRE SEPTIÈME.
Quoi ! lui aussi, il a prononcé ce mot trompeur : égalité ! lui aussi a daigné jeter à son siècle cette flatterie. Il a dit : « La gloire est la noblesse de l’égalité ; » comme si la noblesse n’était autre chose que la consécration de la gloire ; comme si la gloire pouvait admettre l’égalité ; comme si l’égalité, avare, égoïste et jalouse, pouvait comprendre la gloire ! Et c’est lui ! lui, M. de Lamartine, qui vient à son tour bercer le monde de ce rêve étrange,
Ce rêve d’envieux qu’on nomme égalité !
Et il a pour complices, dans la propagation de cette riante chimère, tous les grands esprits de nos jours :
M. de Chateaubriand, qui fraternise avec les républicains, et que les républicains portent en triomphe au nom de l’égalité ;
M. de Lamennais, qui prêche au peuple le droit du plus fort, afin que le peuple, découvrant qu’il est le plus fort, se révolte au nom de l’égalité ;
George Sand, qui prouve que les menuisiers sont beaucoup plus beaux et plus spirituels que les jeunes seigneurs, et qui marie ses menuisiers à des marquises, toujours au nom de l’égalité.
Et ce sont précisément les êtres les plus injustement doués de la nature qui viennent parler d’égalité ! Ce sont ceux-là mêmes qui ont reçu la plus forte, la plus noble part, qui viennent sans pitié contester le peu de valeur de ce qui reste aux autres. Ce sont enfin ces soi-disant précurseurs du règne de l’égalité qui vont, sans prévoyance, à jamais détruire la seule égalité raisonnable, imparfaite sans doute, mais réelle, que la société, après tant de siècles, était parvenue à fonder !