en nous montrant ces étincelles aux couleurs nationales, voilà la seule chose que j’aime de la révolution de Juillet. » Dans les arbres, on brûlait des feux du Bengale ; cela était tout à fait joli et passablement diabolique ; il y avait des bosquets jaune-soufre qui étaient fort bizarres, d’autres couleur groseille, d’autres gris de lin et prune de Monsieur. C’était un paysage d’une originalité très-remarquable ; on a bien fait quelquefois des paysages de ce genre, mais c’était involontairement et on les exposait au Salon.
Après le feu d’artifice, on a redansé, et cette belle fête, qui avait commencé à trois heures du soir, a fini à une heure du matin. Dix heures de plaisir !… Il faut s’amuser beaucoup, n’est-ce pas, pour s’amuser si longtemps ?
LETTRE QUINZIÈME.
Le métier d’observateur, quand on le fait en conscience, acquiert un charme puissant. D’abord il semble pénible, surtout aux esprits rêveurs ; car c’est un grand esclavage que l’observation ; on est très-fort dans la dépendance de ceux qu’on regarde. Pour rêver, il suffit d’être seul, et l’on peut parcourir l’univers sans se fatiguer. Mais pour observer, il faut vivre au milieu du monde, il faut apprendre le langage des gens que l’on est destiné à peindre ; observer, ce n’est pas tout, il faut comprendre aussi les impressions que l’on a observées, et c’est là ce qui devient attachant par la difficulté. Les premiers jours on étudie par devoir, avec indifférence ; mais on fait une piquante découverte… et bientôt à l’indifférence succède la curiosité ; enfin on pénètre un mystère, et la curiosité devient de l’intérêt. Alors tous les objets se transforment : les fleurs de ce vase, les plis de ce rideau, ce tableau et ce chevalet ne sont plus des ornements insignifiants de la demeure, ce sont des indices de goûts, de manies ou de prétentions ; ce bonnet élégant, ce ruban coquet, ne sont plus