impartialement incommodes pour tous les rangs et à tous les rangs. Ce public d’élite était imposant. Il y avait là des femmes d’un haut mérite dont le salon influent a vu éclore plus d’un ministère, de ces femmes politiques comme nous permettons aux femmes d’être politiques, c’est-à-dire par affection ; il y avait là de jeunes femmes d’une ravissante beauté. Il y avait là tous les bas bleus de notre temps ; il y avait là aussi toutes les bottes bleues. — Définition : On appelle ainsi les écrivains qui ne savent pas écrire, les hommes de lettres non lettrés, les grands hommes de petites coteries, les célébrités inconnues. — Enfin, il y avait là tout ce qui fait le charme de la société, des élégances, des supériorités et des ridicules.
À chacune de ces cérémonies, le même divertissant manège nous a frappé. À peine les premiers mots du premier discours ont-ils retenti, que vous savez tout de suite à quoi vous en tenir sur les sentiments de toutes les femmes de l’assemblée, les sentiments académiques ! entendons-nous. Celles qui sont venues pour le récipiendaire, leur parent ou leur ami, attentives, le regard fixé sur lui, l’écoutent avec le plus vif intérêt ; celles qui sont venues pour l’académicien chargé de lui répondre affectent au contraire, pendant le commencement du discours, une indifférence étudiée. Elles regardent de tous côtés dans la salle ; elles adressent de gracieux saluts çà et là, elles jouent avec leur flacon, elles ôtent et remettent leurs gants, toutes choses qui veulent dire : « Ce n’est pas mon académicien ! » Mais aussitôt le premier discours terminé, les voilà qui s’émeuvent ; elles redressent la tête, elles s’avancent, elles lèvent les yeux aux ciel, elles prennent une attitude inquiète et des airs importants qui veulent dire : « Voilà mon académicien ! » pendant que de leur côté les autres femmes se croisent les bras, reprennent une attitude d’indifférence et des airs modestement satisfaits qui à leur tour veulent dire : « Ce n’est plus mon académicien ! » Ce qui n’empêche ni les unes ni les autres d’admirer ce qui est admirable en l’académicien d’autrui.
Vous avez lu les discours prononcés dans cette séance ; nous ne vous apprendrons pas à les apprécier. Nous vous dirons seulement ce qui nous a le plus charmé dans le discours de M. le baron Pasquier, c’est l’empressement avec lequel M. le