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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/265

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LETTRES PARISIENNES (1844).

parle moins que l’enfant Jésus. Cette fête de Noël est si touchante, qu’elle a rendu poëte une de nos amies, fort ignorante jusqu’à ce jour dans l’art des vers. Voici quelques strophes d’une prière improvisée par elle il y a plusieurs années, un matin, en revenant de l’office de Noël :


LA FÊTE DE NOËL.

C’est le jour où Marie
Enfanta le Sauveur !
C’est le jour où je prie
Avec plus de ferveur.
D’un lourd chagrin mon âme
Ce jour-là se défend.
Ô Vierge ! je suis femme,
Et je n’ai point d’enfant !

Ô mère chaste et belle
Du Dieu terrible et grand,
Dans ta sainte chapelle
Je m’incline en pleurant ;
De regrets poursuivie,
Près du divin berceau
J’attache un œil d’envie
Sur ton enfant si beau.

Bénis ces larmes pures,
Et je t’apporte en vœux
Tout l’or de mes parures,
Tout l’or de mes cheveux ;
Mes plus belles couronnes,
Vierge, seront pour toi,
Si jamais tu me donnes
Un fils, un ange à moi !

Alors dans ma demeure
Le plaisir renaîtrait,
Et la femme qui pleure,
Pour l’enfant, chanterait.
De ma gaieté ravie
Célébrant le retour,
Je vivrais… et ma vie
Serait toute d’amour.