Et pourquoi toujours elle, elle aime, elle aimait, elle aimera ? pourquoi pas, il aime ? pourquoi n’aime-t-il pas quand elle aime ? Cruel peintre, pourquoi tourmenter ainsi ton héroïne par les rigueurs d’une injuste conjugaison ?
Cette conjugaison assez arbitraire du verbe aimer nous rappelle le plaisant supplice d’un Anglais que nous avons rencontré dans notre voyage en Italie ; il se plaignait amèrement de l’irrégularité des verbes français qu’il apprenait : « Le verbe aller, disait-il, est impossible. » Il avait toutes les peines du monde à retenir le premier temps ; il voulait absolument nous le dire. Ah ! mon Dieu, que nous avons ri de bon cœur lorsqu’il s’est mis à le réciter ! Un jeune voyageur français, qui se donnait pour maître de langue, le lui avait appris ainsi :
Je vais.
Tu viens.
Il sort.
Nous partons.
Vous rentrez.
Ils dorment.
« Quelle irreguioularaïté ! » s’écriait notre Anglais. Et nous de rire comme l’on rit au jeune âge, et lui de recommencer sa conjugaison laborieuse. Nous n’avons jamais eu le courage de le détromper.
Après les facéties de grammairien viennent les calembours ; le nom du peintre fait jeu de mots avec le sujet du tableau : Deux Chiens se disputant un os, par Lelièvre ; une Petite Laitière, par Cholet ; Légumes, par mademoiselle de L…, au Marais. — Puis arrivent les naïvetés, les sujets simples et modestes : M. Isidore Dumon, la Pantoufle ; M. Couder, la Souris ; M. Chasselat Saint-Ange, le Déjeuner des canards ; M. Picard, Poissons tourmentés par des chats (ce tableau, nous l’avons vu, est d’un effet saisissant) ; M. Ernest Seigneur Gens, le Vieux Cheval ; M. Jacques-Alphonse Têtard, un Vieux Lapin ; mademoiselle Rosa Bonheur, un Âne. — Entendez-vous d’ici les conversations de ces divers artistes : « Mademoiselle Rosa, j’ai bien des compliments à vous faire ; j’ai vu votre Âne, j’en ai été fort content… Avez-vous vu mon Vieux Lapin ? — Mais non ; je l’ai cherché toute une journée, je n’ai jamais pu