leur agréable influence. À l’hôtel de Rambouillet, elles rêvaient la délicatesse et le sentiment ; elles ont amené la préciosité et la fadeur ; aujourd’hui elles rêvent l’énergie et le naturel, et… vous voyez ce qu’elles inspirent.
« Ah ! vous revenez de la Chambre ? — Oui, le ministère a la majorité. — Hélas !… tant mieux !… » Ces deux cris, partis du cœur, peignent toute la situation. Que c’est triste de conserver par politique des ministres qu’on aimerait tant à renverser par patriotisme ! mais le patriotisme, c’est de la poésie, et le temps de la poésie est passé.
LETTRE DEUXIÈME.
Nous étions bien décidé cette année-ci à éviter l’agréable corvée : il s’agissait de faire notre huitième récit de carnaval. Or, chez les peuples inconstants, les plaisirs sont toujours les mêmes, et l’historien qui se piquerait de raconter trop fidèlement ces folies périodiques et monotones risquerait fort de rabâcher. Tous les ans, pendant les jours gras, on s’obstine à aller voir le matin des masques qui ne doivent paraître que le soir ; tous les ans on donne les mêmes fêtes dans le même but. On a donc tout dit en proclamant que le carnaval cette année a été aussi brillant que celui des années précédentes. À la cour il y a eu spectacle, grands et petits bals ; à la ville, fêtes élégantes et magnifiques ; à l’Opéra, travestissements et divertissements ; à la Chambre, jolie petite parade imitée de Molière ; toutes les puissances ont lutté de zèle pour rendre ces jours joyeux tout à fait semblables à ces autres jours joyeux du passé dont nous avons déjà eu sept fois l’honneur de vous raconter les délirants et méthodiques plaisirs.
La seule nouveauté qui caractérise l’année était un déguisement de circonstance qu’on pourrait appeler travestissement politique. Un habitué célèbre des bals de l’Opéra avait su mériter le surnom de Pritchard, et cet étrange missionnaire dansait