qui était près de nous, et qui ne manquait pas une occasion de faire valoir son éducation, dit : « C’est la Babel des chapeaux ! »
Il y avait là un monsieur que nous n’avions pas l’honneur de connaître, et qui donnait aux pompiers des conseils assez énergiques : « Abattez ce pan de mur ! coupez cette poutre ! arrachez cette tenture ! » Nous avons demandé son nom : — M. Visconti. — Un architecte ! Comment n’avons-nous pas deviné cela tout de suite ?
Vous le voyez, ce soir-là chacun a fait son devoir : le maître de la maison a multiplié les secours ; la maîtresse de la maison a été mère prudente, hôtesse héroïque ; le jeune prince a été plein de sang-froid et de bon goût ; M. de Bal… a montré une grande présence d’esprit ; les jolies femmes ont été craintives et timides, c’est leur charme ; elles ont fui le danger, c’est leur devoir ; les femmes laides, qui ordinairement font fuir, ont fui elles-mêmes, c’était leur tour ; les pompiers ont éteint le feu ; les architectes ont fait démolir la maison ; les diplomates ont ignoré ; et nous-même enfin, vous nous rendrez cette justice, nous avons rempli consciencieusement notre rôle d’observateur.
LETTRE TROISIÈME.
Nous commençons ce récit avec une extrême tristesse : hélas ! nous n’avons à dire aujourd’hui que des choses désagréables, et la rigueur de la vérité est telle, que nous sommes entraîné malgré nous à critiquer, à blâmer sans pitié précisément les personnes que, dans nos idées, nous aimerions le plus à admirer et à respecter toujours.
Mais qui donc voudrait de nos louanges, si nous les prodiguions au hasard ? Qui donc serait flatté de nos admirations, si nous faisions tout à coup preuve d’aveuglement, si nous laissions tranquillement passer sous nos yeux, sans les signaler, sans crier au moins : Je les vois ! toutes les injustices