dans un salon, on est plein d’esprit ; c’est une causerie facile, un accord d’idées harmonieuses, une liberté d’expressions qui rappellent les plus beaux jours de la bonne conversation parisienne ; point de discussions orageuses, point d’illusions malveillantes, point de préoccupations ambitieuses ; tout le monde est du même avis, tout le monde critique, blâme, injurie, maudit l’état de choses à l’unanimité et à l’envi avec un ensemble et un entrain qui font plaisir. Chacun apporte sa part dans l’indignation générale : celui-ci a été principalement choqué de cela ; celui-là a surtout été révolté de ceci. L’un fournit une anecdote ridicule ; l’autre fournit une découverte scandaleuse ; quelqu’un sait l’historiette et ne sait pas le nom : on s’empresse de lui apprendre le nom et de compléter l’aventure. C’est une bonne grâce mutuelle, un échange d’impressions tout rempli de cordialité ; c’est la fraternité dans la médisance.
Seulement, pour causer diplomatie, on attend que les jeunes personnes soient allées se coucher ; il n’y a pas moyen de raconter devant elles les antécédents
Voulez-vous vous amuser ? allez dans chaque maison et demandez avec intérêt des nouvelles du mauvais sujet de la famille, de celui qui depuis dix ans cause tous les chagrins, toutes les inquiétudes des petits et grands parents ; on vous répondra : — ..........
La mode dans les magasins de nouveautés, c’est de faire faillite ; les plus célèbres sont obligés de fermer, ceux-là même où jadis on faisait fortune en quelques jours. La mode dans le monde élégant, c’est de mourir de faim ; cela commence même à devenir assez commun. La mode en littérature, c’est un livre rempli d’esprit : Souvenirs de France et d’Italie, par M. d’Estourmel. La mode en politique, c’est
Pardonnez-nous ou plutôt pardonnez-leur cette littérature d’état de siège. Après quinze jours d’hésitation, on nous ren-