Comment, monsieur, vous ne croyez pas que je sois allée avant-hier matin…
Oh ! je crois que vous êtes sortie de bonne heure… de très-bonne heure… Seulement je ne crois pas à vos vieux pauvres… c’est-à-dire je ne crois pas que les vieux soient pauvres et que les pauvres soient vieux… Ce n’est pas un défaut.
Vous vous moquez toujours de ma charité, de ma dévotion… Mais votre madame de Clairmont, que vous admirez tant !… elle est aussi dévote et aussi charitable que moi.
Aussi, mais autrement.
Vous riez de mes sociétés de bienfaisance… Elle en est aussi.
Aussi, et autrement. Elle est dévote pour elle, et vous, vous l’êtes pour les autres.
Elle va à la messe tous les matins, comme moi.
Elle y va, mais elle ne dit jamais : J’en viens… Tandis que vous, vous dites toujours : J’en viens… et je ne suis pas bien sûr que vous y alliez.
Monsieur, ce ton que vous prenez toujours avec moi est à la fin intolérable !
Oh ! j’en conviens, mademoiselle… (Se reprenant.) madame de Blossac, cela doit être fort ennuyeux, quand on s’est posée en vertu immaculée, d’avoir pour confident un philosophe cynique qui déconcerte toujours le décorum de votre tenue.
Monsieur !
Un franc mauvais sujet comme moi qui vous rappelle de temps en temps certain secret…