Cette émotion… serait-ce un de ses vieux pauvres ?… (Haut.) Eh bien, je m’attache à ses pas, et je vous rendrai un compte fidèle de mes démarches, c’est-à-dire des siennes. Vous trouverai-je ?
Sans doute ; c’est aujourd’hui le jour de réunion de notre œuvre.
Ah ! oui, notre œuvre des jeunes Épileptiques. Vous aurez du monde ; je ne pourrai vous parler.
Vous n’aurez qu’un nom à me dire.
Eh bien donc, au revoir, madame la maréchale.
Scène VI.
Depuis un an, je croyais l’avoir oublié… Je l’ai revu, je l’aime toujours… et il n’a rien voulu comprendre à cet amour ! — Hector, si vous m’aviez aimée… Arthur vivrait… Le dépit ne m’aurait pas donnée à lui… je n’aurais pas causé sa mort : je ne serais point poursuivie par une affreuse image nuit et jour ! Oh ! que c’est lourd, un remords !… En vain je me réfugie dans les fiévreuses agitations d’une vie d’intrigues et de ruses, la pâle figure d’Arthur me poursuit partout. Je le vois étendu sur ce brancard, le front caché par ses cheveux en désordre et pleins d’herbe, l’œil fermé, les lèvres sanglantes ! Et je ne peux pas m’empêcher de voir ça toujours !… Et ce cruel bouquet, ces fleurs accusatrices qui, chaque année, viennent me dire : « Lâche ! tu l’as laissé mourir !… Il t’appelait !… » (Tout bas.) Il m’a appelée… Je pouvais le sauver… je l’ai laissé mourir… Ah ! cette pensée me rend folle !… (Se calmant tout à coup à la vue de madame Berthollet.) Que me voulez-vous, ma chère madame Berthollet ?