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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/31

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Mais comme journaliste il est juge sévère ;
Diable ! il ne confond pas la plume avec le verre.
Ce Bacchus puritain, professeur de vertu,
N’est jamais plus moral que quand il a trop bu.
Il faut le voir, l’œil glauque et la face rougie,
S’indignant pour l’Europe au récit d’une orgie !
Il est beau !…

Edgar.

Il est beau !…Je le crois, car en fait de repas,
Il doit trouver honteux tous ceux dont il n’est pas.

Dubac qui écoutait.

Martel et Jollivet feront la politique,
Moi, je fais les canards.

Martel.

Moi, je fais les canards.Ce mot veut qu’on l’explique.
On nomme fiction un mensonge rimé,
On appelle canard un mensonge imprimé.
Ainsi, ces deux Anglais jetés sur le rivage
Et mangés par un ours…

Edgar.

Et mangés par un ours…C’est un canard.

Martel riant.

Et mangés par un ours… C’est un canard.Sauvage.

Edgar.

Ce calembour, mon cher, est de bien mauvais goût.

Dubac.

Ce coquin de Martel met de l’esprit partout.

Edgar montrant Dubac.

Cet homme est du journal ?

Martel.

Cet homme est du journal ? Non pas.

Edgar.

Cet homme est du journal ? Non pas.C’est quelque artiste ?

Martel.

Non.

Edgar.

Non.Quel est son état ?

Martel.

Non. Quel est son état ? Flatteur de journaliste.
(Il pose ses deux mains sur les épaules de Blondin, qui danse.)
Allons, maudit sauteur, toujours en mouvement.