qu’il viendrait s’expliquer sur cette aventure… mais seulement avec madame de Clairmont.
Tout cela m’étonne bien. Jeanne !… si jamais j’ai cru à l’innocence d’une femme, c’est à celle de cette fille-là !… Je découvrirais que vous êtes une misérable, une intrigante, une femme galante, qu’en vérité je ne serais pas plus stupéfait. Jouer la candeur à ce point, c’est infâme !
Ne vous emportez pas. Croyez-moi, oubliez vite toute cette famille, qui n’a pas le droit d’être la vôtre. (Elle se lève.) Après tout, ce n’est pas votre nom qu’ils déshonorent ! Ils ne pourront le flétrir, ce nom-là !…
La comtesse est fille de ma sœur, Jeanne est ma nièce ; si ce n’est pas mon nom, c’est mon sang. Je ne peux pas les renvoyer toutes deux de ma maison sans les perdre. Ah ! je ne sais que faire… je suis bien malheureux !
À votre place, je ne serais pas embarrassé, moi, et je m’arrangerais pour être très-heureux.
Conseillez-moi donc, ma chère voisine, vous qui êtes la sagesse même… Je vous promets de suivre votre conseil.
Mais… moi, je ne veux peut-être pas que vous le suiviez.
Il est donc mauvais ?
Oui, il est mauvais… pour moi, mais il est bon pour vous, et je vous aime tant que je préfère vous voir consolé par mon chagrin, à vous voir triste, découragé, malheureux, avec moi seule pour consolation.
Mais qu’est-ce donc ?
À votre place, et dans l’isolement où vous allez tomber, je prendrais un grand parti… J’irais dans le monde : là, je ren-