À la bonne heure ! vous voilà vrai enfin ! Cela me faisait mal de vous voir hypocrite… Cela ne vous va pas à vous, c’est bon pour moi, c’est bon pour une femme… mais un homme !… un homme n’a pas le droit d’être hypocrite, puisqu’il peut être brave et qu’il est libre.
Vous avez raison, cela ne me sied pas d’être fourbe. Je veux me venger de vous… je vous hais !
Un peu moins déjà !
Mais pourquoi voulez-vous servir vous-même ma vengeance ?… pourquoi venir la chercher ?
Pour la rendre moins cruelle… s’offrir à votre colère avec confiance, c’est la désarmer !… Si je vous avais reçu chez moi, vous auriez été implacable ; mais chez vous !… attirée par vous dans un piège, c’est différent, je ne suis plus votre ennemie, je deviens votre victime ; et, je vous connais, la femme que vous êtes le plus près d’aimer est celle envers qui vous avez eu un tort.
Elle est habile ! (Haut.) Mais ce nom… je l’attends ?
Eh bien ! écoutez-moi.
Je vous écoute.
Vous n’osez me regarder… Vous vous défiez de vous !
Oui, mais pas comme vous l’entendez.
Vous craignez de me plaindre en voyant ce que je souffre ; mais je ne veux point de votre pitié : c’est votre intérêt que j’ambitionne, non pour mon passé qui est maudit, mais pour mon avenir qui peut être grand et noble, et qui dépend de vous.