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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/402

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Scène IX.

NOËL à genoux sur le canapé, MADAME DES AUBIERS derrière la porte, ADRIEN caché par le vantail de droite ; ensuite BLANCHE.
Madame des Aubiers

Noël !

Noël bas à Adrien.

Laissons-la appeler.

Adrien.

Ô ma mère !

Madame des Aubiers

Noël !

Noël.

Ah ! pardon, madame, je croyais que tout le monde était à l’église, et je profitais de ça pour faire le salon à fond… il en a bon besoin. Madame veut-elle que je dérange le canapé pour…

Madame des Aubiers.

Non, je venais seulement chercher mon livre de messe ; il doit être là, sur la cheminée ; donne-le-moi, Noël.

Noël.

Oui, madame. (Tout en maintenant le canapé contre la porte, il fait signe à Adrien qui va prendre sur la cheminée le livre de sa mère et le couvre de baisers ; au lieu de le remettre à Noël qui l’attend, Adrien tout tremblant le passe à sa mère derrière la porte.) Est-ce celui-là, madame ?

Madame des Aubiers.

Oui, merci.

(Elle se retire.)
Noël s’assure qu’elle est partie, ferme la porte et tombe sur le canapé.

Ouf ! je suis en nage !

Adrien regardant par la fenêtre.

Noël, je la vois ! je la vois !… Oh ! comme elle est pâle !… comme elle est changée, ma pauvre mère !…

(Il pleure.)
Noël allant à Adrien et l’entraînant loin de la fenêtre.

Et moi aussi, je suis bien changé… mes pauvres cheveux sont presque tout gris.

Adrien.

Quelle douleur ! comme elle m’aime, ma mère ! Et ne pouvoir la tenir dans mes bras ! l’embrasser !…

(Il lui tend les bras de loin.)