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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/416

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Blanche.

Eh bien, moi, depuis que je sais que Gervaise a appris le retour de son fils, je ne peux pas m’empêcher d’espérer, de rêver le retour du nôtre… Je ne peux pas croire que Dieu fasse une si grande injustice en sa faveur, et qu’il vous oublie. Ô maman ! songe donc comme tu serais heureuse si on venait… là… tout à coup, te dire : On a vu votre fils !…

Madame des Aubiers

Tais-toi… tais-toi !… j’en mourrais !… Ne me donne pas ces cruelles idées, elles sont inutiles, et elles me font trouver mon désespoir encore plus amer.

Blanche à part, en s’éloignant.

Elle me décourage… elle ne me seconde en rien… elle repousse toute espérance, même en rêve ! Et ce Noël qui me laisse tout le mal !… Pourtant il faut bien lui apprendre… (Haut.) Vous me quittez, maman ?

Madame des Aubiers

Oui, je vais chez Mathilde.

Blanche.

Chez Mathilde ?

Madame des Aubiers.

Il faut absolument obtenir d’elle qu’elle retourne à Paris. Je vais… je dois… (Arrivée à la porte, elle descend vers Blanche.) Tu dis que c’est au Havre qu’on attend le fils de Gervaise ?

Blanche.

Oui, maman, au Havre… Il peut être ici demain.

Madame des Aubiers.

Quelle joie ! Comment pourra-t-elle supporter cette émotion ! Oh ! à sa place, je n’aurais… (Éclatant.) Oh ! je n’aurai jamais un pareil bonheur !… Son fils !… son fils !… Comment vit-elle dans une pareille attente ? Elle doit compter les heures, les minutes, cette femme !… Blanche, je reviens.

(Elle sort vivement.)

Scène XIV.

BLANCHE seule.

Le coup a porté… L’idée va germer et grandir… D’abord, elle comprendra qu’une mère peut retrouver son fils… et puis, je lui dirai : Cette mère si heureuse, ce n’est pas Gervaise… maman, c’est toi !