Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/453

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Gonzalès appelant.

Stéphanie !… Elle n’entend pas… le verrou est mis… Madame est à sa toilette ?

Amédée.

Oui, monsieur… elle essaye plusieurs robes.

Gonzalès.

J’entends marcher… un pas lourd… très-lourd…

Amédée à part.

Il marche !… l’imbécile, il marche ! (Haut.) C’est mademoiselle Henriette, sans doute… Elle va sortir, elle a mis ses bottes, ses petites bottes, ses brodequines.

Gonzalès appelant de nouveau.

Stéphanie !… Henriette !… On ne répond rien. (Apercevant le chapeau.) À qui ce chapeau ?

Amédée froidement.

Je ne sais pas, monsieur ; c’est un chapeau qui se trouve là, je ne l’ai pas vu entrer…

Gonzalès à part.

Non… voyons !… il faut être raisonnable… Elle va venir… elle s’habille… (Appelant encore.) Stéphanie !…

Amédée à part.

Ah ! une idée… (Haut.) Si monsieur veut, j’appellerai à la petite porte du corridor…

(Il sort par le fond en courant.)
Gonzalès distrait.

Oui… Mais ce chapeau est à quelqu’un !… Il y a quelqu’un chez moi. (Seul, il regarde par le trou de la serrure.) Je vois… je ne me trompe pas… un homme !… Il est près de la cheminée. Je ne le reconnais pas… Il y a un homme dans la chambre de ma femme ! Je ne le vois plus… Oh ! je ne veux pas qu’on le fasse s’échapper… (Il court vers le fond. Bruit de verrou à droite.) Il est trop tard.

Amédée ouvrant la porte et rentrant.

Ce n’est pas étonnant si on ne répondait pas, il n’y avait personne… madame est sortie… C’est mademoiselle Henriette qui avait oublié d’ôter le verrou.

Gonzalès.

Oh ! je verrai bien !…

(Il entre vivement dans la chambre.)