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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/49

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Pluchard.

Tout l’effraye aujourd’hui.Mon ami, c’est une ombre,
Un fantôme boiteux ; ce n’est point un mortel.
Quels cheveux ! quelle barbe !… il vient !


Scène VIII.

MARTEL, PLUCHARD, ANDRÉ.
(André entre par la porte de service ; il a une jambe de bois et un bras de moins.)
André.

Quels cheveux ! quelle barbe !… il vient ! Monsieur Martel.

Martel.

C’est quelque mendiant, va-t’en fermer la porte.
Quand puis-je travailler ?
Quand puis-je travailler ? (Il s’assied devant son bureau.)

André tenant un papier.

Quand puis-je travailler ? Monsieur, je vous apporte
La liste des tableaux du grand peintre Morin.

Pluchard d’un air gracieux.

C’est un talent sublime, et nous étions en train
De faire son éloge.(À part.)
De faire son éloge. Attirons ce sauvage,
Et servons-nous de lui pour apaiser la rage
De ce fou dangereux qui trouble mon repos.
(Haut.)
Je vous le disais bien, vous venez à propos :
Vous êtes de Morin…

André.

Vous êtes de Morin…Le serviteur fidèle,
L’ami, le confident, et, de plus, le modèle.
Depuis deux ans je souffre en le voyant souffrir.
Ah ! monsieur, les journaux ! ils nous feront mourir.

Pluchard.

Martel, écoute donc cet homme ; il m’intéresse,
Vraiment.

André.

Vraiment.Monsieur Martel, pardon, si je m’adresse
À vous pour obtenir quelques soulagements
Aux chagrins de mon maître, à ses affreux tourments ;
Ce désespoir, monsieur, c’est comme une folie ;