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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/62

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Mais je n’espère pas du tout qu’on me les rende.
Non, je connais, monsieur, ce monde intelligent.
Ils ont beaucoup d’esprit, mais ils n’ont pas d’argent.
Force dettes ! que moi je suis chargé d’éteindre.
Ah ! loin de m’accuser, monsieur, il faut me plaindre.
J’ai d’aimables amis qui me font bien souffrir.

Guilbert.

Vos malheurs ne sauraient aujourd’hui m’attendrir.
Dans tout cela je perds une très-forte somme.

Pluchard.

Et moi donc ! moi, j’y perds un oncle, le pauvre homme !
Un riche fabricant… Ils l’ont si maltraité
Qu’il en est furieux, et m’a déshérité.

Guilbert.

Ils me forcent d’aller, bégayant une excuse,
Porter chez un ministre une mine confuse.
J’ai manqué de tomber dans un abîme affreux.

Pluchard.

Et moi donc ! j’ai manqué de me battre pour eux !
Je leur donne un dîner dont ils font une orgie.
Ils changent un salon tout neuf en tabagie.

Guilbert.

Ils me causent à moi les plus grands embarras.

Pluchard.

Ils m’ont gâté, monsieur, tout un meuble en lampas.

Guilbert.

Mon gendre est indigné.

Pluchard.

Mon gendre est indigné.Ma femme est furieuse !

Valentine éclatant de rire.

Le plaisant désespoir !

Madame Guilbert.

Le plaisant désespoir !Mais tais-toi donc, rieuse.

Guilbert.

J’ai peur du président.

Pluchard.

J’ai peur du président.J’ai peur du tribunal.

Guilbert.

Ah ! le maudit journal !