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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/80

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Edgar.

Ah ! votre feuilleton, qui le flatte si fort,
Prouve assez qu’avec vous il n’était point d’accord !

Martel.

Cet article bâclé dans un jour de folie,
Qu’au fond d’un vieux carton a trouvé Cornélie !…
Ma foi, monsieur Guilbert a voulu s’ériger
En censeur de mes mœurs… j’ai voulu me venger !

Edgar avec chaleur.

L’excuse est excellente et part d’une belle âme !
Vous vous vengez d’un homme en attaquant sa femme !

Martel avec ironie.

Pour madame Guilbert vous parlez chaudement.
Si j’avais su, monsieur, qu’un tendre sentiment
Vous fît le défenseur d’une femme chérie,
Croyez…

Edgar.

Croyez…Épargnez-moi cette plaisanterie.
Je ne souffrirai pas qu’on insulte d’un mot
La famille Guilbert, dont je serai bientôt.

Martel avec surprise.

Quoi ! tu dois épouser…

Edgar.

Quoi ! tu dois épouser…La sœur de Valentine,
Malvina…

Martel.

Malvina…Pour mari c’est toi qu’on lui destine,
Et tu ne m’en dis rien ! Mon Dieu, que de regrets…
Norval ! Aussi pourquoi me cacher tes secrets ?

Edgar.

Je voulais te conter cela, mais ta danseuse
Nous écoutait toujours.

Martel.

Nous écoutait toujours.Toujours !… la malheureuse
Cause tous mes chagrins, je lui dois tous mes torts.
Ah ! je veux désormais la fuir comme un remords.
Par ses obsessions, dans mon journal j’offense
Une honnête famille et mon ami d’enfance…
Mais je viens d’acquérir le droit de la quitter.
La leçon est cruelle et j’en veux profiter.