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Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/146

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       Lui conseilloit de n’en rien faire,
       L’assuroit qu’il trouveroit mieux.
       Errant ainsi de lieux en lieux,
       Embarrassé de son message,
       Enfin, après un long voyage,
Notre homme & le coffret arrivent un matin
       Dans la ville de Constantin.
       Il trouve tout le peuple en joie :
Que s’est-il donc passé ? Rien, lui dit un iman ;
C’est notre grand visir que le sultan envoie,
       Au moyen d’un lacet de soie,
       Porter au prophète un firman.
Le peuple rit toujours de ces sortes d’affaires ;
       Et, comme ce sont des misères,
Notre empereur souvent lui donne ce plaisir.
— Souvent ? — Oui. — C’est fort bien. Votre nouveau visir
Est-il nommé ? — Sans doute, & le voilà qui passe.
Le dervis, à ces mots, court, traverse la place,
Arrive, & reconnoît le pacha son ami.
       Bon ! te voilà ! dit celui-ci :
Et le coffret ? — Seigneur, j’ai parcouru l’Asie :
J’ai vu des fous parfaits, mais sans oser choisir.
      Aujourd’hui ma course est finie ;
      Daignez l’accepter, grand visir.