Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/186

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Celui-ci, comme on croit, dans sa juste colère,
Couche bientôt sur la poussière
Général, tribuns & soldats.
Il ne s’échappa que deux rats
Qui disoient, en fuyant bien vite à leur tanière :
Il ne faut point pousser à bout
L’ennemi le plus débonnaire ;
On perd ce que l’on tient quand on veut gagner tout.



FABLE XII

Le Crocodile & l’Esturgeon


Sur la rive du Nil un jour deux beaux enfants
S’amusoient à faire sur l’onde,
Avec des cailloux plats, ronds, légers & tranchants,
Les plus beaux ricochets du monde.
Un crocodile affreux arrive entre deux eaux,
S’élance tout-à-coup, happe l’un des marmots,
Qui crie & disparaît dans sa gueule profonde,
L’autre fuit, en pleurant son pauvre compagnon.
Un honnête & digne esturgeon,
Témoin de cette tragédie,
S’éloigne avec horreur, se cache au fond des flots ;
Mais bientôt il entend le coupable amphibie
Gémir & pousser des sanglots :