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Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/42

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Bah ! disent les poissons, tu répetes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurerent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittoient-ils la rivière ?
Pourquoi ? Je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère,
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… Je ne finirois pas.


FABLE III.

Le Roi & les Deux Bergers.


Certain monarque un jour déploroit sa misère
Et se lamentoit d’être roi :
Quel pénible métier, disoit-il ; sur la terre
Est-il un seul mortel contredit comme moi ?
Je voudrois vivre en paix, on me force à la guerre ;
Je chéris mes sujets, & je mets des impôts ;
J’aime la vérité, l’on me trompe sans cesse ;