Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/198

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cause me force à attendre que ce mandat me soit imposé, et, en France, on peut attendre longtemps. Mais comme vous, je pense que l’œuvre que j’ai à faire est en dehors de l’enceinte législative.

Je sors du meeting où je n’ai pas parlé[1]. Mais il m’est arrivé, à propos de députation, une chose bien extraordinaire. Je vous la conterai à Paris. Oh ! mon ami, il est des pays où il faut avoir vraiment l’âme grande pour s’occuper du bien public, tant on s’y applique à vous décourager.

Paris, 23 septembre 1846.

Bien que je n’aie pas grand’chose à vous apprendre, mon cher ami, je ne veux pas laisser plus de temps sans vous écrire.

Nous sommes toujours dans la même situation, ayant beaucoup de peine à enfanter une organisation. J’espère pourtant que le mois prochain sera plus fertile. D’abord nous aurons un local. C’est beaucoup ; c’est l’embodyment de la Ligue. Ensuite plusieurs leading-men reviendront de la campagne, et entre autres l’excellent M. Anisson, qui me fait bien défaut.

En attendant, nous préparons un second meeting pour le 29. C’est peut-être un peu dangereux, car un fiasco en France est mortel. Je me propose d’y parler et je relirai, d’ici là, plusieurs fois votre leçon d’éloquence. Pouvait-elle me venir de meilleure source ? Je vous assure que j’aurai au moins, faute d’autres, deux qualités précieuses quoique négatives : la simplicité et la brièveté. Je ne chercherai ni à faire rire, ni à faire pleurer, mais à élucider quelque point ardu de la science.

Il y a un point sur lequel je ne partage pas votre opinion.

  1. L’explication de cette circonstance se trouve dans une lettre adressée à M. Coudroy, p. 74. (Note de l’éditeur.)