Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/239

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Cette résolution n’est pas immuable. Elle ne part pas d’un parti pris de diminuer nos forces militaires. Mais il est certain que le gouvernement et l’assemblée seraient fortement encouragés à persévérer dans cette voie, si l’Angleterre offrait de nous y suivre et surtout de nous y précéder dans une proportion convenable. C’est sur quoi je vais appeler l’attention de Bastide.

En ce moment, il circule, à l’occasion de l’Italie, des bruits qui sont de nature à faire échouer les bonnes dispositions du ministre des finances. Je crains bien que la paix de l’Europe ne puisse pas être maintenue. Dieu veuille au moins que nos deux pays marchent d’accord !

Adieu, mon cher Cobden. Je vous écrirai prochainement.


18 août 1848.

Mon cher Cobden, j’ai reçu votre lettre et le beau discours de M. Molesworth. Si j’avais eu du temps à ma disposition, je l’aurais traduit pour le Journal des Économistes. Mais le temps me manque et plus encore la force. Elle m’échappe, et je vous avoue que me voilà saisi de la manie de tous les écrivains. Je voudrais consacrer le peu de santé qui me reste, d’abord à établir les vrais principes d’économie politique tels que je les conçois, et ensuite à montrer leurs relations avec toutes les autres sciences morales. C’est toujours ma chimère des Harmonies économiques. Si cet ouvrage était fait, il me semble qu’il rallierait à nous une foule de belles intelligences, que le cœur entraîne vers le socialisme. Malheureusement, pour qu’un livre surnage et soit lu, il doit être à la fois court, clair, précis et empreint de sentiments autant que d’idées. C’est vous dire qu’il ne doit pas contenir un mot qui ne soit pesé. Il doit se former goutte à goutte comme le cristal, et, comme lui encore, dans le silence et l’obscurité. Aussi je pousse bien des soupirs vers mes chères Landes et Pyrénées.