Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

teurs qui le sacrifient par ignorance, ou l’immolent à leur cupidité.

Il est vraiment curieux d’entendre le langage que tiennent naïvement quelques électeurs.

L’un nommera un candidat par reconnaissance personnelle ou par amitié ; comme si ce n’était pas un véritable crime d’acquitter sa dette aux dépens du public, et de rendre tout un peuple victime d’affections individuelles.

L’autre cède à ce qu’il appelle la reconnaissance due aux grands services rendus à la Patrie ; comme si la députation était une récompense, et non un mandat ; comme si la chambre était un panthéon que nous devions peupler de figures froides et inanimées, et non l’enceinte où se décide le sort des peuples.

Celui-ci croirait déshonorer son pays s’il n’envoyait pas à la chambre un député né dans le département. De peur qu’on ne croie à la nullité des éligibles, il fait supposer l’absurdité des électeurs. Il pense qu’on montre plus d’esprit à choisir un sot dans son pays, qu’un homme éclairé dans le voisinage, et que c’est un meilleur calcul de se faire opprimer par l’intermédiaire d’un habitant des Landes, que de se délivrer de ses chaînes par celui d’un habitant des Basses-Pyrénées.

Celui-là veut un député rompu dans l’art des sollicitations ; il espère que nos intérêts locaux s’en trouveront bien, et il ne songe pas qu’un vote indépendant sur la loi municipale peut devenir plus avantageux à toutes les localités de la France, que les sollicitations et les obsessions de cent députés ne pourraient l’être à une seule.

Enfin un autre s’en tient obstinément à renommer à tout jamais les 221.

Vous avez beau lui faire les objections les mieux fondées, il répond à tout par ces mots : Mon candidat est des 221.