Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/503

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attribuez cette fonction, persuadé que vous êtes que la Providence n’y a pas pourvu.

« Suffira-t-il au mécanicien, dit M. Vidal, pour inventer la machine, d’observer, de recueillir des faits, puis de laisser faire les forces naturelles ? Eh ! non, sans doute, il faut encore qu’il trouve le moyen d’utiliser ces forces, qu’il invente sa machine… »

« De même, en économie…, on peut inventer un mode particulier de production et de consommation, un système économique. »

Ailleurs, il compare la société à un régiment :

« Faudra-t-il donc laisser chacun manœuvrer à sa guise, permettre à chaque officier, à chaque soldat de faire et de suivre son petit plan de campagne ? etc. »

Ailleurs, à un orchestre :

« Comme les musiciens d’un orchestre discipliné, chacun de nous a un rôle utile, indispensable… ; mais pour qu’il y ait accord, unité, il faut que tous les exécutants obéissent à la pensée du compositeur et à la direction du chef d’orchestre. »

Mais quand un mécanicien a sous la main des rouages, des ressorts, il dispose d’une matière inerte, et son intervention est indispensable. Les hommes ne sont-ils donc que des rouages et des ressorts aux mains d’un socialiste ?

Mais ces soldats, que vous nous proposez pour exemple, quoiqu’ils soient des hommes, en tant que soldats, ne sont plus hommes, ils ne sont que des machines. Le principe d’action n’est plus en eux. Soumis, selon cette énergique expression, à l’obéissance passive, ils ne s’appartiennent plus, ils tournent à droite et à gauche au moindre signe. Aussi faut-il tirer au sort à qui ne sera pas soldat. Croyez-moi, l’humanité ne se laissera pas aisément réduire à ce rôle passif que vous lui réservez.