Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/564

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intérêts que ceux de leurs commettants ; les électeurs ne seraient pas mis à même de prostituer leurs votes à des vues égoïstes ; la presse, dégagée de tous liens avec des chefs de parti qui n’existeraient plus, remplirait son vrai rôle qui est d’éclairer l’opinion et de lui servir d’organe ; le peuple, administré avec sagesse, avec suite, avec économie, heureux, ou ne pouvant s’en prendre au pouvoir de ses souffrances, ne se laisserait point séduire par les utopies les plus dangereuses, et le roi enfin, dont la pensée ne saurait plus être méconnue, entendrait prononcer de son vivant le jugement que lui réserve l’histoire.

Je n’ignore pas, monsieur, les objections que l’on peut opposer à la réforme parlementaire. On y trouve des inconvénients. Eh, mon Dieu ! il y en a dans tout. La presse, la liberté civile, le jury, la monarchie ont les leurs. La question n’est jamais de savoir si une institution réformée aura des inconvénients, mais si l’institution non réformée n’en a pas de plus grands encore. Et quelles calamités pourront jamais découler d’une Chambre de contribuables, égales à celles que verse sur le pays une Chambre d’ambitieux qui se battent pour la possession du pouvoir ?

On dit qu’une telle Chambre serait trop démocratique, animée de passions trop populaires. — Elle représenterait la nation. Est-ce que la nation a intérêt à être mal administrée, à être envahie par l’étranger, à ce que la justice ne soit pas rendue ?

La plus forte objection, celle qu’on renouvelle sans cesse, c’est que la Chambre manquerait de lumières et d’expérience.

Il y aurait fort à dire là-dessus. Mais enfin, si l’exclusion des fonctionnaires offre des dangers, si elle semble violer les droits d’hommes honorables qui sont citoyens aussi, si elle circonscrit la liberté des électeurs, ne serait-il pas possible, en ouvrant aux agents du pouvoir les portes du Pa-