Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

veugler, je vois l’impossibilité de réussir, si la garnison, qu’on dit être animée d’un bon esprit, n’abandonne pas le gouvernement. Nous aurons peut-être des coups et point de succès. Mais il ne faudra pas pour cela se décourager, car il faut tout tenter pour écarter la guerre civile. Je suis résolu à partir de suite, après l’action, si elle échoue, pour essayer de soulever la Chalosse. Je proposerai à d’autres d’en faire autant dans la Lande, dans le Béarn, dans le pays Basque ; et par famine, par ruse, ou par force, nous aurons la garnison.

Je réserve le papier qui me reste pour t’apprendre la fin.


Le 5, à minuit.

Je m’attendais à du sang, c’est du vin seul qui a été répandu. La citadelle a arboré le drapeau tricolore. La bonne contenance du Midi et de Toulouse a décidé celle de Bayonne, les régiments y ont arboré le drapeau. Le traître J… a vu alors le plan manqué, d’autant mieux que partout les troupes faisaient défection ; il s’est alors décidé à remettre les ordres qu’il avait depuis trois jours dans sa poche. Ainsi tout est terminé. Je me propose de repartir sur-le-champ. Je t’embrasserai demain.

Ce soir nous avons fraternisé avec les officiers de la garnison. Punch, vins, liqueurs et surtout Béranger, ont fait les frais de la fête. La cordialité la plus parfaite régnait dans cette réunion vraiment patriotique. Les officiers étaient plus chauds que nous, comme des chevaux échappés sont plus gais que des chevaux libres.

Adieu, tout est fini. La proclamation est inutile, elle ne vaut pas les deux sous qu’elle te coûterait.


Bordeaux, le 2 mars 1834.

… Je me suis un peu occupé de faire quelques connaissances, j’y réussirai, j’espère. Mais ici vous voyez écrit sur