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en Angleterre, dans les années qui ont suivi la réduction des droits protecteurs, vous en resterez convaincus[1].


34. — LES ARMEMENTS EN ANGLETERRE.


15 Janvier 1848.


S’il n’y avait pas, quoi qu’on en dise, dans un principe, dans la vérité, plus de force que dans un fait contingent et éphémère, rien ne serait plus affligeant, plus décourageant pour les défenseurs de la liberté commerciale sur toute la surface du globe, que cette perversion étonnante et momentanée de l’esprit public dont l’Angleterre nous donne en ce moment le spectacle. Elle se prépare à augmenter son armée et sa marine.

Disons-le d’abord, nous avons la confiance, la certitude même que la liberté commerciale tend à accroître et à égaliser le bien-être au sein de toute nation qui l’adoptera ; mais ce motif, quoique grave, n’est pourtant pas le seul qui nous ait déterminés à consacrer nos efforts au service de cette cause. Ce n’est même pas, il s’en faut de beaucoup, le plus puissant.

Nous sommes profondément convaincus que le libre-échange, c’est l’harmonie des intérêts et la paix des nations ; et certes nous plaçons cet effet indirect et social mille fois au-dessus de l’effet direct ou purement économique.

Car la paix assurée des nations, c’est le désarmement, c’est le discrédit de la force brutale, c’est la révision, l’allégement et la juste répartition des taxes publiques, c’est, pour les peuples, le point de départ d’une ère nouvelle.

Supposant donc que la nation qui proclame la première le libre-échange était pénétrée et imbue de l’esprit du libre-

  1. V. tome IV, le chap. Cherté, Bon marché, page 163. (Note de l’éditeur.)