Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/320

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dis que plus les nations entreront dans cette voie, plus elles pourront sans danger se soulager du poids des armées permanentes et des marines militaires.

On dit qu’il y a d’autres causes de guerre que les conflits commerciaux. Je le sais ; mais avec ces trois choses : libre-échange, non-intervention, attachement des citoyens pour les institutions du pays, une nation de 36 millions d’âmes n’est pas seulement invincible, elle est inattaquable.

Mais ce programme, il faut en convenir, a un côté chimérique. L’opinion n’en veut pas ; ce n’est pas une petite objection. Le public est tellement infatué des prétendus avantages du régime protecteur, qu’il repousse la liberté commerciale même avec ce cortége de réformes que je viens d’énumérer. Laissez-moi, dit-il, dans toute leur pesanteur, les impôts du sel, de la poste, des boissons, l’octroi, le recrutement et l’inscription maritime plutôt que de me rendre participant, par l’échange, aux bienfaits que la nature a départis aux autres peuples.

Messieurs, voilà le préjugé qu’il faut détruire ; c’est notre mission, c’est le but de notre Association. L’œuvre est laborieuse, mais elle est grande et belle. Il s’agit de conquérir le libre-échange, et, avec lui, la paix du monde et l’adoucissement des charges publiques. Marseillais, je vous adjure, non-seulement au nom de vos intérêts, mais au nom de ce tribut que nous devons tous à la société, de marcher en esprit d’union et de concorde vers ces paisibles conquêtes, de poursuivre votre tâche avec vigueur et persévérance. Étendez la publicité de vos excellents journaux, provoquez des associations à Aix, à Avignon, à Cette, à Nîmes, à Montpellier, fondez des chaires d’économie politique, unissez-vous intimement à l’Association parisienne, prêtez-lui le concours de votre force morale, de votre intelligence, de votre expérience des affaires, et au besoin de vos finances ; et alors, soyez-en sûrs, vous n’entendrez plus dire ce