quelques inconvénients pour elle. Nous aurions tort de nous plaindre, puisque nous sommes protégés, battus et contents. (Bruyante hilarité.)
Messieurs, cette machine française, vendue plus cher à nos compatriotes qu’aux étrangers, me met sur la voie d’une autre considération fort importante que je crois devoir vous soumettre.
Vous avez sans doute entendu dire que l’une des raisons qui rendent la concurrence anglaise si redoutable, c’est la supériorité des capitaux britanniques. Il y a un grand nombre de personnes qui disent : C’est ce capital anglais qui nous effraie. Sous tous les autres rapports, beauté du climat, fertilité du sol, habileté des ouvriers, nous avons des avantages réels ; et, quant au fer et à la houille, nous les aurions, par la liberté, au même prix, à très-peu de chose près, que nos rivaux eux-mêmes. Mais le capital, le capital, comment lutter contre ce colosse ?
Messieurs, je crois que je pourrais prouver que la richesse d’un peuple n’est pas nuisible à l’industrie d’un peuple voisin, par la même raison que la richesse de Paris n’a pas fait tort aux Batignolles. Mais j’accepte l’objection. Admettons que l’infériorité de notre capital nous place vis-à-vis des Anglais dans une position fâcheuse. Je vous le demande, serait-ce un bon moyen de rétablir l’équilibre que de frapper d’inertie une partie de notre capital déjà si chétif ? Si vous me disiez : Comme notre capital est fort exigu, il faut tâcher de faire rendre à 100 000 francs autant de services qu’à 120 000, je vous comprendrais. Mais que faites-vous ? Autant de fois il y a 100 000 francs en France, autant de fois, par la protection, vous les transformez en 80 000 fr. Est-ce là un bon remède au mal dont vous vous plaignez ? Est-ce là un bon moyen de rétablir l’équilibre entre les capitaux français et anglais ?
Je suppose qu’un manufacturier de Rouen et un manu-