Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/412

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d’un Allemand, pourquoi ne vous laisserait-elle pas choisir entre du drap français et du drap belge ?

— Que faut-il donc faire ?

— D’abord, n’avoir pas peur du libre-échange.

— Dites l’échange libre, c’est moins effrayant. Et ensuite ?

— Ensuite, vous l’avez dit : demander liberté pour tous ou protection pour tous.

— Et comment diable voulez-vous que la douane protége un avocat, un médecin, un artiste, un pauvre ouvrier ?

— C’est parce qu’elle ne le peut pas qu’elle ne doit protéger personne ; car favoriser les ventes de l’un, c’est nécessairement grever les achats de l’autre[1].



60. — MIDI À QUATORZE HEURES.


(Ébauche inédite)


… 1847.


On a fait de l’économie politique une science pleine de subtilités et de mystères. Rien ne s’y passe naturellement. On la dédaigne, on la persifle aussitôt qu’elle s’avise de donner à un phénomène simple une explication simple.

— Le Portugal est pauvre, dit-on ; d’où cela vient-il ?

— De ce que les Portugais sont inertes, paresseux, imprévoyants, mal administrés, répond-elle.

— Non, réplique-t-on, c’est l’échange qui fait tout le mal ; — c’est le traité de Méthuen, l’invasion des draps anglais à bon marché, l’épuisement du numéraire, etc.

Puis on ajoute : Les Anglais travaillent beaucoup, et cependant il y a beaucoup de pauvres parmi eux ; comment cela se peut-il ?

  1. V. la fin du no 41, pages 244 et 245, et le no 53, page 359. (Note de l’éditeur.)