Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/111

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liorée depuis vingt-cinq ans, sous l’empire des lois-céréales, a conclu en général que la protection était nécessaire au perfectionnement de l’industrie nationale. Mais, en fait, depuis vingt-cinq ans, il n’est aucune branche d’industrie qui soit demeurée aussi stationnaire que l’agriculture. Et qui a jamais entendu parler d’améliorations agricoles, si ce n’est depuis l’époque récente où la protection est menacée ? On peut voir maintenant que la libre concurrence a effectué ce que la protection n’avait pu faire, et que la Ligue a été plus utile à l’agriculture que la prohibition. Je crois sincèrement que lorsque l’agitation actuelle sera arrivée au jour de son triomphe, les intérêts territoriaux s’apercevront qu’il n’est rien à quoi ils soient plus redevables qu’aux efforts de la Ligue. (Approbation.) L’argument fondé sur la nécessité de protéger l’industrie nationale me paraît reposer sur une illusion. Je ne puis faire aucune distinction entre du blé d’Amérique ou du comté de Kent, pour s’échanger contre des objets manufacturés en Angleterre. Il est un autre argument dont s’est servi lord Wharncliffe et que je dois relever. C’est celui tiré de la sur-production. Nos adversaires attribuent toutes nos souffrances à la sur-production. Je pense que c’est là une maladie dont nous sommes en bon train de guérir radicalement. — Reportons-nous en 1838, alors que survint la première mauvaise récolte, et que, par suite, la loi-céréale fut de fait ressuscitée, puisqu’une longue succession de bonnes années l’avait pour ainsi dire enterrée. Le pays a mis en œuvre :


En 1838, 4,800,000 l. de soie brute. En 1842, 4,300,000 l.
En 1838, 1,600,000 quintaux de lin. En 1842, 1,100,000 q.
En 1830, 56 millions de l. de laines étr. En 1842, 44 millions.


C’est là, je pense, une grave atteinte à cette surabondance de production qui est l’objet de tant de plaintes ; et si elle était la vraie cause de nos maux, certes, ils commenceraient à disparaître. Malheureusement, il se trouve qu’à mesure que la production diminue, la misère et l’inanition s’étendent sur le pays.

Il est ensuite devenu de mode de parler de réciprocité, et un sentiment hostile a été excité contre les peuples étrangers comme s’ils étaient des rivaux dangereux et non d’utiles amis. De là est