Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/136

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circonstances étaient les mêmes qu’aux époques qui ont précédé 1815, elles amèneraient sans doute les mêmes résultats. Bien heureusement, sous ce rapport du moins, la situation de l’Angleterre a tellement changé, qu’il est impossible que des conséquences semblables découlent d’une législation identique. Pendant la guerre, qui a rempli ce quart de siècle qui s’est terminé en 1815, il n’y avait pas de manufactures sur le continent, et à la paix, l’Angleterre, qui était en possession de pourvoir tous les marchés du monde, put maintenir pour un temps les hauts prix occasionnés par la guerre. C’est ce qu’elle fît, bien que le prix des aliments fût alors plus élevé de 50 p. 100, dans ce pays que partout ailleurs. Mais quel est l’état actuel des choses ? La paix règne en Europe et en Amérique, et la population s’y partage entre l’industrie et l’agriculture. Elle rivalise, sur les marchés neutres, avec le fabricant anglais, et à moins que celui-ci ne puisse établir les mêmes prix, il lui est impossible de soutenir la concurrence. Que veut-il donc quand il demande l’abrogation des lois restrictives ? Il veut que les ports de l’Angleterre soient ouverts aux denrées du monde entier, afin qu’elles s’y vendent à leur prix naturel, et que les Anglais soient placés sur le même pied que toutes les autres nations. Craignez-vous qu’à ces conditions le génie industriel, le capital et l’activité de la Grande-Bretagne aient rien à redouter ? (Acclamation.) Vos acclamations répondent. Non. Ne nous lassons donc pas de réclamer la liberté du commerce. — J’adresserai maintenant quelques paroles à ceux qui jouissent du privilége d’envoyer des représentants au Parlement. Une grande responsabilité pèse sur eux ; car ils ne doivent pas oublier que le mandat qu’ils confèrent dure sept ans, et pendant ce temps, quelles que soient leurs souffrances, fût-ce une ruine totale, ils ne peuvent plus rien pour eux-mêmes. C’est là un grave sujet de réflexions pour tous les électeurs. Tous sont intéressés à voir le pays florissant, et ce n’est certes pas son état actuel. Le seul moyen d’y arriver, c’est d’ouvrir nos ports à toutes les marchandises du monde. Je pourrais nommer plusieurs nations dont les produits nous conviennent : je n’en citerai qu’une. À un meeting tenu en septembre dernier, sous la présidence du duc de Rutland, M. Everett,