Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/268

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étrangère, lorsque, pendant cette période, ses taxes se sont accrues dans une si énorme proportion ? » Mais ils omettent de dire que, quoique le prix du blé n’ait pas varié depuis 1791, la rente a doublé et plus que doublé. (Écoutez !) Et voilà le vrai fardeau qui pèse sur le fermier, qui l’écrase, comme il écrase tout notre système industriel. — Oh ! que l’aristocratie jouisse de sa prospérité, mais qu’elle cesse de contrarier, d’enchaîner l’infatigable travail auquel elle la doit. Nous ne la craignons pas, avec ses forfanteries et ses menaces. Nous sommes ici librement, et ils siègent à Westminster par mandat royal ; nos assemblées sont accessibles à tous les hommes de cœur, et leurs salles sénatoriales ne sont que des enceintes d’exclusion. Ici, nous nous appuyons sur le droit ; là, ils s’appuient sur la force ; ils nous jettent le gant, nous le relevons et nous leur jetons le défi à la face. (Acclamations, l’assemblée se lève saisie d’enthousiasme ; on agite pendant plusieurs minutes les chapeaux et les mouchoirs.) Nous marcherons vers la lutte, — opinion contre force, — respectant la loi, leur loi, en esprit d’ordre, de paix et de moralité ; nous ferons triompher cette grande cause, et ainsi nous affranchirons, — eux, de la malédiction qui pèse toujours sur la tête de l’oppresseur, — nous, de la spoliation et de l’esclavage, — le pays, de la confusion, de l’abattement, de l’anarchie et de la désolation. (Applaudissements.) Le siècle de la féodalité est passé ; l’esprit de la féodalité ne peut plus gouverner ce pays. Il peut être fort encore du prestige du passé ; il peut briller dans la splendeur dont les efforts de l’industrie l’ont environné ; il peut se retrancher derrière les remparts de nos institutions ; il peut s’entourer d’une multitude servile ; mais l’esprit féodal n’en doit pas moins succomber devant le génie de l’humanité. L’esprit, le génie, le pouvoir de la féodalité, ont fait leur temps. Qu’ils fassent place aux droits du travail, aux progrès des nations vers leur affranchissement commercial, intellectuel et politique ! (L’orateur reprend sa place au milieu d’applaudissements enthousiastes qui se renouvellent longtemps avec une énergie dont il est impossible de donner une idée.)

Le président : Ladies et gentlemen, les travaux du meeting sont terminés. Après l’admirable discours que vous venez d’en-