Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/334

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Prenez ensuite les objets qui ne nous sont pas nécessaires, et vous les trouverez affranchis de toute entrave. (Écoutez ! écoutez !) Il est notoire que ce pays-ci manque de produits agricoles et que nous sommes obligés d’en importer périodiquement des quantités énormes. Eh bien, ce sont ces produits qui sont exclus avec le plus de rigueur. À peine laisse-t-on à cette branche de commerce comme une soupape de sûreté, sous la forme de l’échelle mobile (sliding scale), de peur que la chaudière ne s’échauffe trop et ne vole en éclats. (Approbation.) L’importation est donc tolérée dans les années de cruelles détresses. — Mais les choses que vous avez en abondance ne sont assujetties à aucune restriction. Ainsi, cette même inconséquence que nos ministres reprochent aux gouvernements étrangers, et au sujet de laquelle ils écrivent tant de notes diplomatiques, ils la pratiquent sur nous-mêmes. (Acclamations.) Ils la pratiquent non-seulement à l’égard des choses que nous ne produisons pas au dedans en assez grande abondance, mais aussi à l’égard des produits insuffisants de nos colonies. S’il est une denrée dont les colonies nous laissent manquer, c’est celle-là même que l’on repousse par de fortes taxes. Voyez le sucre, objet de première nécessité, dont la production coloniale ne répond pas à notre consommation ; c’est précisément l’article que notre gouvernement exclut avec le plus de rigueur et soumet à la plus forte taxe. Mais enfin, la liberté commerciale obtient en ce moment ce que je considère comme un triomphe signalé. Le ministère actuel, après avoir renversé le cabinet whig à propos de la question des sucres, entraîné maintenant par les nécessités du pays et par le progrès de l’opinion publique, présente une mesure dans le sens de la liberté. (Écoutez ! écoutez !) Je suis loin de vouloir déprécier le changement proposé[1], et je serais

  1. Les droits sur les sucres étaient :
    Sucre étranger. Sucre colonial.
    En 1840… 69 sh. 24 sh.
    Proposition Russel. 36 24
    Proposition Peel… 34 24

    Mais selon le projet de M. Peel, converti en loi, on n’admet au droit de 34 sh. que le sucre produit du travail libre.