Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/375

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partis parlementaires — je veux parler des Whigs et des Torys, — que le peuple ne se soucie guère de l’un plus que de l’autre, (écoutez ! écoutez !) et je crois vraiment qu’il les vendrait tous les deux pour une légère réduction de taxes et de prohibitions. (Rires.) Gentlemen, la Ligue, au moins en ce qui me concerne, n’appartient à aucune de ces deux factions. Ni les Whigs ni les Torys ne sont des free-traders pratiques. Nous ne tenons encore aucun gage du chef des Whigs non plus que du chef des Torys, duquel nous puissions inférer qu’il est prêt à pousser à bout le principe de la liberté des échanges. Nous avons bien entendu de vagues déclarations, mais cela ne peut nous suffire, et il nous faut des votes à l’appui. On trouve toujours quelque prétexte pour continuer la protection du sucre et quelque justification en faveur de la protection du blé. Tant que nous n’aurons pas amené l’un ou l’autre parti politique à embrasser, sans arrière-pensée, la cause de la liberté contre celle de la protection, qui n’est que le pillage organisé, je ne crois pas que la Ligue, comme Ligue, agirait avec sagesse et politique, si elle s’identifiait avec l’un des deux. Gentlemen, mon opinion est, qu’encore que nous soyons isolés comme corps, pourvu que nous soyons un corps, nous aurons plus de force à la Chambre et dans le pays, quoique privés de la force numérique, que si nous nous laissions absorber par les Whigs ou les Torys. (Acclamations.) Je vois la confusion des partis et le chaos dans lequel tombent les factions politiques ; je ne m’en afflige pas. Mais je dis : Formons un corps compacte de free-traders, et plus sera grande la confusion et la complication entre les Whigs et les Torys, plus tôt nous réussirons à faire triompher notre principe. (Applaudissements enthousiastes.)

Le révérend T. Spencer : Monsieur le président, ladies et gentlemen, comme vous tous, j’ai écouté avec le plus grand intérêt le discours de M. Cobden, et je me réjouis de voir l’esprit de parti tomber enfin dans le discrédit ; je me réjouis de penser que bientôt disparaîtront les vaines dénominations de Whigs et de Torys. J’espère, — et il y a longtemps que je nourris cette espérance, — que sur les ruines de ces partis, il s’en élèvera un troisième que le peuple appellera le parti de la justice (bruyants