Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/496

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M. Bright répond à ce toast : Si quelqu’un dans cette assemblée avait, en venant ici, quelques doutes sur le véritable objet de notre réunion, ses doutes doivent être maintenant dissipés. On m’a demandé pourquoi nous nous réunissions, maintenant que le monde politique est si calme, et que les réformes que nous avons poursuivies dans cette enceinte sont pour la plupart accomplies ; j’ai répondu que nous nous réunissions pour faire honneur au grand principe qui a triomphé, et à un autre principe qui marche vers un plus grand triomphe encore, — à ce principe que, dans l’avenir, l’opinion du peuple sera le seul guide, et l’intérêt du peuple le seul objet du gouvernement de ce pays. Je n’aurai pas besoin de faire longuement l’apologie de la liberté commerciale. Si jamais principe a été triomphant, si jamais but poursuivi par une grande association a été justifié par les résultats, c’est bien le principe de la liberté du commerce et le but qui a été poursuivi par les agitateurs de notre association. (Applaudissements.) N’avons-nous pas entendu dire, pendant de longues années, qu’il fallait que ce pays fût entièrement indépendant de l’étranger ? Et maintenant ne devons-nous pas avouer que c’est grâce aux importations de subsistances de l’étranger que plusieurs millions de nos concitoyens ont conservé la vie, pendant ces dix-huit mois ? Ne nous disait-on pas que le meilleur moyen d’avoir un approvisionnement sûr et abondant de subsistance, c’était de protéger nos cultivateurs ? Et n’est-il pas prouvé à présent qu’après trente années d’une protection rigoureuse, des millions de nos concitoyens seraient morts de faim, si nous n’avions pas reçu du blé du dehors ? Ne nous disait-on pas encore que si nous achetions du blé à l’étranger, nous serions obligés d’exporter des masses considérables d’or, et que cet or servirait à édifier des manufactures rivales des nôtres ? Eh bien ! il y a eu des importations et des exportations considérables de numéraire destinées au paiement du blé, mais où le numéraire a-t-il été retenu ? Ne nous revient-il pas, en ce moment, aussi vite qu’il s’en était allé ? Et, de plus, la nation qui a pris la plus grande partie de cet or, les États-Unis n’ont-ils pas doublé ou triplé leurs achats de nos marchandises depuis un an ? (Applaudisse-