Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/500

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dérable de la classe aristocratique. Prenez les vingt-cinq dernières années et comparez-les à n’importe quelle période de vingt-cinq ans de notre histoire, et vous verrez que nous avons accompli une véritable révolution, une révolution glorieuse et pacifique, et d’autant plus glorieuse qu’elle a été plus pacifique. Nous avons eu, dans nos lois et dans nos institutions, dans la politique de notre gouvernement, dans la constitution même du pouvoir, des changements plus considérables que d’autres n’en ont obtenu par des révolutions sanglantes. Et qui sait ce qui pourra survenir encore ? « Si nous avons trente autres années de paix et si des clubs pour la liberté du commerce s’ouvrent, dans toutes les grandes villes du royaume, disent les membres de l’aristocratie, nous voudrions bien savoir ce qui adviendra. » Sans aucun doute, quelque chose de très-sérieux pour quelques-uns d’entre eux. Ils en sont, du reste, bien persuadés. Il y a un duel à mort entre l’esprit de guerre et le progrès politique, social et industriel. Nous servirions les desseins de cette classe antinationale, si nous permettions à l’esprit de guerre de se répandre dans la Grande-Bretagne. Laissez-le prévaloir, laissez la guerre désoler de nouveau le monde, et vous aurez beau faire des meetings, aucune nouvelle réforme sociale et industrielle ne s’accomplira dans le gouvernement du Royaume-Uni. (Applaudissements.) Je sais bien que si vous jetez un regard sur les pages de notre histoire dans ces trente dernières années, elles ne vous paraîtront pas aussi brillantes que celles des trente années précédentes. Il n’y a pas eu autant d’hommes nés pour être de grands généraux ou des amiraux ; il n’y a pas eu autant de grandes victoires par mer et par terre ; vos églises et vos cathédrales n’ont pas été, dirai-je ornées ? ne devrais-je pas plutôt dire souillées ? par les trophées de la guerre. Un illustre Français, Lamartine, a dit : « Le sang est ce qui brille le plus dans l’histoire, cela est vrai, mais il tache. » « Le sang et la liberté s’excluent, » dit-il encore. Je vous en supplie, messieurs, par toutes les victoires que vous avez déjà remportées, par toutes celles que vous pouvez remporter encore, résistez, résistez énergiquement à tout ce que l’on pourrait vous dire pour entretenir en vous des pensées hostiles aux étrangers, à tout ce que