Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/511

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ou lord John Russell, ou tous les deux, se récrient : « Nous avons, disent-ils, au delà de quarante colonies, et nous entretenons des garnisons dans toutes ces colonies ; or, comme on ne peut se passer d’avoir dans la métropole un nombre suffisant de dépôts pour alimenter les garnisons de dehors, comme nous avons toujours plusieurs milliers d’hommes en mer, soit qu’ils se rendent dans nos colonies, soit qu’ils en reviennent, il nous sera impossible de réduire notre armée, aussi longtemps que nous aurons cet immense empire colonial à soutenir. »

Pour moi, je voudrais dire aux colons : « Je vous accorde dans toute son étendue le bienfait du self-government ; et j’ajouterais : Vous serez tenus aussi de payer le prix du self-government. (Applaudissements.) Vous devrez en supporter tous les frais, comme font les États-Unis, par exemple, à qui cela réussit si admirablement. Vous payerez pour votre marine, vous payerez pour vos établissements civils et ecclésiastiques. (Applaudissements.) Que pourraient-ils objecter à cela ? Je suis convaincu qu’aucune assemblée de colons, aucune assemblée composée, comme celle-ci, d’Anglais éclairés et intelligents, soit au Canada, au cap de Bonne Espérance ou en Australie, n’infirmerait la justesse et l’opportunité de mes propositions. Je suis convaincu qu’aucune ne réclamerait le maintien des dépenses que nos colonies occasionnent aujourd’hui à la métropole.

Nos colonies de l’Amérique du Nord, qui sont en contact immédiat avec les États-Unis par une frontière de 2,000 milles de longueur, contiennent environ 2 millions d’habitants. Quelle force militaire croyez-vous que nous entretenions dans ces colonies ? Nous y avons, dans ce moment, 8 à 9,000 hommes, sans compter les artilleurs, les sapeurs et les mineurs. Quelle est l’armée permanente des États Unis ? 8,700 hommes ! Voilà quelle est l’armée permanente d’un pays qui compte environ 20 millions d’habitants. (Applaudissements.) En sorte que nous entretenons, pour 2 millions d’habitants, dans nos colonies de l’Amérique du Nord, la même force qui suffit à nos voisins pour 20 millions. Si l’armée des États-Unis était pro-