Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/98

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chures. C’est bien quelque chose pour l’œuvre de trois semaines, mais ce n’est rien relativement aux besoins du pays. Le peuple a soif d’information ; de toutes parts on demande des brochures, des discours, des publications ; on veut s’éclairer sur ce grand débat. Dans ces circonstances, je crois qu’il nous suffit de faire connaître au public les moyens d’exécution dont nous pouvons disposer, — que la moisson est prête, qu’il ne manque que des bras pour l’engranger, — et le public mettra en nos mains toutes les ressources nécessaires pour conduire notre campagne d’hiver, avec dix fois plus d’énergie que nous n’en avons mis jusqu’ici. Nous dépensons 100 l. s. par semaine, à ce que je comprends, pour agiter la question, il faut en dépenser 1,000 par semaine d’ici à février prochain. Je crains que Manchester ne se soit un peu trop attribué le monopole de cette lutte. Quel que soit l’honneur qui lui en revienne, il ne faut pas que Manchester monopolise toutes les invectives de la Presse privilégiée. Ouvrons donc cordialement nos rangs à ceux de nos nombreux concitoyens des autres comtés, qui désirent, j’en suis sûr, devenir nos collaborateurs dans cette grande œuvre. Leeds, Birmingham, Glasgow, Sheffield ne demandent pas mieux que de suivre Manchester dans la lice. Cela est dans le caractère anglais. Ils ne souffriront pas que nous soyons les seuls à les délivrer des étreintes du monopole ; ce serait s’engager d’avance à se reconnaître redevables envers nous de tout ce qui peut leur échoir de liberté et de prospérité, et il n’est pas dans le caractère des Anglais de rechercher le fardeau de telles obligations. Que font nos compatriotes dans les luttes moins glorieuses de terre et de mer ? Avez-vous entendu dire, avez-vous lu dans l’histoire de votre pays, qu’ils laissent à un vaisseau ou à un régiment tout l’honneur de la victoire ? Non, ils se présentent devant l’ennemi, et demandent qu’on les place à l’avant-garde. — Il en sera ainsi de Leeds, de Glasgow, de Birmingham ; offrons-leur une place honorable dans nos rangs. — Messieurs, la première considération, c’est le nerf de la guerre. Il faut de l’argent pour conduire convenablement une telle entreprise. Je sais que notre honorable ami, qui occupe le fauteuil, a dans les mains un plan qui ne va à rien moins, vous al-